La première vague de Covid-19 au Québec et les soins primaires
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU SYSTÈME DE SANTÉ QUÉBÉCOIS ET SOINS PRIMAIRES
Au Canada, le système de santé relève de la juridiction provinciale, mais les principaux fondements ont été orientés par le palier fédéral. Avec une population d’environ 8,3 millions d’habitants, le Québec est la deuxième province la plus peuplée du Canada. La plupart des services de santé au Québec sont financés par un système public d’assurance maladie de type beveridgien. Les soins essentiels, qu’ils soient offerts dans des établissements publics ou des cliniques médicales privées, sont généralement gratuits au point de service. Depuis sa création en 1971, le système de santé moderne du Québec a été conçu pour intégrer les soins de santé et les services sociaux.
Au Québec, depuis 1982, on assiste à un effort de centralisation qui a réduit le nombre d’établissements publics. Le mouvement s’est encore accéléré avec la réforme de 2004. Le territoire de la province a été découpé en 95 territoires locaux en leur attribuant une responsabilité populationnelle. Au sein de chacun d’entre eux, les hôpitaux, les centres hospitaliers de longue durée et les centres locaux de services communautaires sont fusionnés dans un Centre de santé et de services sociaux (CSSS). De 683 au départ, le nombre d’établissements publics est passé à 182 en 2004. La centralisation s’est poursuivie près de 10 ans plus tard avec la création de Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) et les Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) qui ne sont plus que 34. Ils ont le mandat d’établir des liens avec les organisations de soins primaires situées sur leur territoire.
Différents modèles organisationnels de soins primaires se sont succédés. En 1972, il y a eu une première tentative d’intégrer à la santé un volet social dans des Centres locaux de services communautaires (CLSC). Financés par des fonds publics, ils intégraient différents professionnels de la santé dont notamment des infirmières, des nutritionnistes, des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes et des physiothérapeutes. Toutefois, la grande majorité des médecins n’a pas adhéré à ce modèle salarial, qui les plaçait sous une gouvernance publique. Un nouveau modèle a été proposé par le gouvernement au début des années 2000, les Groupes de médecine de famille (GMF). Les médecins de famille, pour la plupart travaillant dans des organisations de soins primaires privées indépendantes et où ils sont rémunérés via l’assurance maladie par l’État, étaient incités à adopter une pratique de groupe et à élargir leur horaire d’ouverture. En échange, des infirmières, employées par le CSSS, donc rémunérées par des fonds publics, se joignaient au GMF. Il s’agit d’un regroupement de médecins qui travaillent en étroite collaboration avec des infirmières pour dispenser des services auprès de personnes inscrites, sur une base non géographique. En moyenne, un GMF dessert une clientèle d’environ 15 000 personnes, regroupe environ 10 médecins, 2 infirmières, ainsi que 2 personnes affectées au travail administratif. Les services y sont offerts du lundi au vendredi, selon un mode sur rendez-vous et sans rendez-vous. Les samedis, dimanches et jours fériés, un niveau minimal de services est offert sans rendez-vous. Une garde téléphonique, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, est assurée par un médecin en dehors des heures d’ouverture du GMF pour les personnes inscrites qui répondent à divers critères de vulnérabilité (par exemple, personnes âgées, maladies chroniques). Depuis 2017, est introduit un nouveau cadre de gestion des GMF afin d’élargir les professionnels y travaillant dont les travailleurs sociaux et les pharmaciens en plus de choisir d’autres professionnels comme des nutritionnistes, des psychologues et autres. Le financement des GMF est en fonction du nombre de patients inscrits, mais il est pondéré pour tenir compte des conditions socio-économiques des patients (un patient d’un quartier défavorisé peut compter pour deux). Le GMF est actuellement le modèle dominant au Québec. Aujourd’hui, il en existe plus de 330.
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