La première vague de Covid-19 en France et les soins primaires
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS ET SOINS PRIMAIRES
Le système de santé français, pays fortement centralisé, repose sur les trois piliers principaux que sont :
1) l’assurance maladie universelle unique obligatoire instaurée après la Seconde Guerre mondiale complétée par une assurance maladie complémentaire facultative désormais généralisée ;
2) l’exercice libéral et notamment la rémunération à l’acte des médecins quelle que soit leur spécialité, comme de la plupart des autres professionnels de santé (infirmières, kinésithérapeutes, dentistes…) exerçant dans le secteur de « ville » et
3) les CHU de statut public comme lieux principaux de recherche, de formation et de pratique de pointe.
Depuis le début des années 80, le secteur de la santé en expansion continue a fait l’objet de réformes successives visant globalement à « rationaliser » l’emploi des ressources : baisse du nombre de médecins admis à l’université entre 1979 et 1999 ; régionalisation de l’organisation de l’offre de soins ; réduction continue de l’offre hospitalière ; nouvelles modalités de tarification à l’hôpital, puis en ville (une fraction de la rémunération est basée sur des indicateurs de qualité ou de performance) et introduction des pratiques avancées infirmières en 2018. La dernière réforme de transformation du système de santé de 2019 vise la réorganisation de l’offre en niveaux de soins avec une première ligne de soins de proximité forte. Elle est associée à une réforme des formations en santé.
Le secteur des soins primaires dont l’organisation a été déterminée par les principes de l’exercice libéral1 a été fortement modifié en 40 années. La médecine générale a été reconnue comme une spécialité au début des années 90, associée à la création d’une filière universitaire spécifique aujourd’hui en croissance. L’inscription volontaire auprès d’un médecin traitant a été introduite en 2004 avec succès et concerne principalement les médecins généralistes (MG). Les soins de premiers recours ont été définis en 2009 par la Loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires reconnaissant les missions des acteurs des soins primaires dans une logique de territorialisation. Le système de soins primaires français qui tend à se hiérarchiser à partir du MG est aujourd’hui questionné par deux évolutions à moyen terme : 1) la réduction continue du nombre des MG qui place la question de l’accès aux soins et au médecin traitant sur le devant de la scène, baisse qui est conjuguée à une augmentation importante des effectifs infirmiers et de sages-femmes et 2) le basculement de l’exercice isolé vers l’exercice en groupe monoprofessionnel et dans une moindre mesure pluriprofessionnel. L’exercice coordonné en maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP, environ 1200) et en centres de santé (environ 350) ainsi que l’organisation territoriale des soins de proximité notamment en communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont soutenus par les politiques publiques, qui introduisent sous forme d’expérimentation et d’innovation des modalités de rémunération visant à organiser l’accès aux soins et le travail en équipe.
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