Intérêts et limites des mécanismes pour tisser la couverture sanitaire universelle en Belgique
Le système de santé en Belgique se veut largement accessible sur le plan financier ; différents mécanismes ont été élaborés afin de lever les obstacles susceptibles de freiner le recours aux soins. Ces mécanismes vontils vers une couverture sanitaire universelle ? Les auteurs de cet article en doutent fortement.
Un système plus ou moins accessible ?
L’accessibilité financière est un des aspects importants de l’accessibilité aux soins, et l’on ne peut que s’alarmer devant le nombre de personnes qui n’arrivent plus à faire face à leurs dépenses en matière de santéA.
Rappelons d’abord que les soins de santé sont loin d’être gratuits en Belgique : 18%B à 25%C des dépenses en la matière sont à charge des citoyens. Pour certains, c’est trop lourd : 20%D d’entre eux reportent leurs consultations médicales, et certains n’arrivent pas à acheter tous les médicaments prescrits. Ils commencent par le premier de la liste, demandent au pharmacien de s’arrêter dès que leur capacité à payer est atteinte.
Un accès aux soins à plusieurs vitesses est en train de s’installer. Ce phénomène n’est pas seulement lié aux ressources des ménages. Les pratiques des médecins interviennent également. Ainsi, si les représentants des médecins s’accordent avec les mutuelles pour déterminer la hauteur des honoraires de la convention [1], tout médecin est libre de sortir de ces accords et de délivrer des soins plus coûteux que ce qui a été défini dans la convention médico-mutualiste : certains ne s’en privent pas (voir l’article page 30). Les revenus des médecins sont liés à leur spécialité. Le statut social qui récompense le respect des tarifs est forfaitaire. Donc la valeur relative de cette récompense est fonction du revenu de la spécialité, ce qui favorise le déconventionnement des spécialistes. Par ailleurs de nombreux spécialistes pratiquent le déconventionnement partiel qui permet de manger aux deux râteliers.